Histoire de nos Anciens 

Signification des armoiries d’Aspach-le-Haut et Michelbach

Le Bélier d’Aspach-le-Haut

Emblème : Son origine est associée à la ferme seigneuriale « Schaeferhof ». Ce grand domaine fort de 1200 bêtes (béliers, moutons et agneaux), était voué au pâturage, puisque près de 210 ha étaient incultivables. Le Schaeferhof se situait sur le ban d’Erbenheim à l’Ochsenfeld ; on peut encore y apercevoir la croix.

L’emblème du bélier a été complété par la croix de guerre 1914-1948.

La Crosse, la Rivière et la Tenaille de Michelbach

De gueules à la rivière d’argent courante abaissée en fasce sur une crosse d’or en pal, à la tenaille ouverte de sable brochante sur le tout.

Création d’armoiries en 1980. La crosse figure sur de nombreuses bornes délimitant le territoire de Michelbach, la rivière évoque le Michelbach tandis que la tenaille est l’instrument du martyre de sainte Agathe, patronne céleste de la chapelle de Michelbach. Le village apparaît en 1105, déjà sous sa dénomination actuelle. Les Reinach le tinrent en fief des Habsbourg de 1482 à la paix de Westphalie puis, jusqu’à la Révolution, de la Couronne de France.

La commune est titulaire de la croix de guerre 1914-1918 (J.O. du 6 novembre 1921, p. 12417).

 

Surnoms et Sobriquets

Petite histoire sur le « scholla baera kettel ». De très nombreux poiriers étaient plantés aux extrémités des champs aspachois. C’est une variété de poirier très ancien et à récolte tardive. On peut encore en trouver dans le village, notamment dans la rue du Jura. Couramment utilisé pour la fabrication du vin, les poires (baera) n’étaient consommées qu’occasionnellement en cuisine par nos ancêtres. Elles étaient posées sur les pommes de terre en robe des champs lors de leur cuisson, mais étaient peu appréciées.

Les poires tombaient sur les mottes de terre (scholla) et étaient ramassées en automne lorsque les champs étaient labourés. L’automne était installé et le paysan se munissait déjà de sa veste (kettel).

 

Article DNA du 8 août 2009 :

Quelques souvenirs de nos anciens – Années 1934-1935

  • L’ambiance à ASPACH-MICHELBACH le 11 novembre 1918 et après …

    …transposons-nous, en ce 11 novembre 1918, dans nos deux villages. Le temps est gris et maussade. Les « poilus et le peu d’habitants qui n’ont pas quitté leur village sont las de cette guerre qui dure depuis 4 ans. Ils sont en première ligne, retranchés, face à Aspach-le-bas, occupé par les allemands.
    Soudain les deux cloches de l’église de Michelbach, assez malmenée par l’artillerie allemande, se mettent à sonner à toute volée. Elles sonnent l’armistice. La Paix ! Les cloches d’Aspach-le-Haut sont muettes. Elles reposent sous les décombres de l’élégant clocher de l’église complètement détruite.
    Petit à petit les familles retournent dans leur village ou ce qui en reste. En effet, si Michelbach, légèrement en retrait du front, n’est qu’à moitié détruit, à Aspach il reste une vingtaine de maisons encore à peu près debout dont une dizaine de belles maisons à colombage construites pendant la seconde moitié du XVIIIème siècle.
    Les premières arrivées sont les femmes qui, parties tout au début de la guerre vers Cernay, pour s’y approvisionner en pétrole, n’ont pu retourner dans leur village, car le front entre Cernay et Aspach-Michelbach venait de se mettre en place. Si elles insistaient auprès des autorités allemandes on les soupçonnaient d’être des espionnes et elles risquaient d’être fusillées.
    L’explosion de joie n’était que de courte durée, car tous ces braves gens se trouvaient devant un champ de ruines qu’il fallait déblayer. Construire des baraques pour s’y loger en attendant que leur maison nouvelle fût construite. Certaines familles logeaient dans des abris abandonnés par les militaires ; d’autres aménageaient un logement de fortune s’il restait un bout de grange encore debout.
    On notera un évènement démographique intéressant : l’ampleur du travail à faire exigeait de la main d’œuvre. Une aubaine pour les italiens qui arrivaient en masse. Plusieurs familles faisaient souche chez nous. Et le brassage s’est très vite fait.
    A commencer par les petits enfants qui, à l’âge de 6 ans, apprenaient le français, enseigné par la petite sœur Rosalie, tandis que sœur Paterna les initiait au chant et au dessin. L’alsacien, ils l’apprenaient dans la rue.
    Les mamans italiennes se mélangeaient avec les autres dans l’église et plus encore chez le boulanger ou les trois épiciers. Tandis que les hommes se mêlaient aux autres sur les chantiers.
    Plusieurs familles ne sont pas revenues et comme la nature a horreur du vide, d’autres familles sont venues ; notamment les deux familles, Pierre et Chrétien Goldschmidt pour Aspach et la famille Nussbaumer pour Michelbach. Très vite bien considérés car c’étaient de bons agriculteurs.
    En 1923, le village était remis en état ; sauf l’église qui ne fut consacrée qu’en décembre 1926.
    Il ne manquait plus, pour le bon fonctionnement de nos communes, que deux hommes : un instituteur et un curé ; les habitants étaient majoritairement catholiques.
    L’Abbé Jacques Burglin, né à Munchhouse, ordonné prêtre en 1912, brancardier au Vieil Armand, côté allemand, puis vicaire à Wittenheim. Il arriva dans la paroisse en 1922, flanqué de ses deux sœurs : la sévère Melle Agathe et la douce et souriante mam’selle Cathala. Il avait du pain sur la planche : il fallait reconstruire l’église d’Aspach-le Haut et restaurer celle de Michelbach. Dans tout le doyenné il avait la réputation d’être un bon « Muattergottesprediger » (un bon prédicateur sur le thème de la Mère de Dieu). C’était un confesseur paternel et bienveillant, préférant insister sur le « conseil » plutôt que sur le « précepte ».
    Tous les matins tôt il ouvrait ses fenêtres et bénissait ses deux paroisses. Mais c’était aussi un homme au verbe parfois haut, parfois truculent. Un jour en croisant un paysan qui allait aux champs avec sa charrette tirée par ses deux bœufs, il disait « geht’s er drei ?» (ça va vous trois ?). La place nous manque pour nous étaler là-dessus.
    L’instituteur qui a fait la plus grande partie de sa carrière à Aspach et aussi pour les élèves de Michelbach, était Monsieur Léger HORNY. Il est né à Golbach en 1899.
    Après sa formation d’instituteur et une grande mobilité géographique, il a enseigné même dans le centre de la France. Il est arrivé à Aspach-Michelbach, une première fois en 1923, puis définitivement en 1933 jusqu’à sa retraite en 1959.
    En 1933, il n’est pas arrivé seul : avec lui est arrivé sa jeune famille : son épouse, née Mlle Victorine Fischer et ses deux enfants : le petit Roger, père de qui vous savez… et un bébé d’un an nommé Marlyse aujourd’hui âgée de 86 ans.
    Bien sûr, Monsieur Horny était un excellent instituteur, comme ils le sont tous, mais il y avait chez lui un « plus » : il aimait préparer ses élèves pour la vie.
    A ce sujet je citerai, par exemple, ses fameuses lectures du samedi après midi, extraites d’un livre « par l’effort »

    • 1) Quand la lecture était consacrée à Louis Pasteur, il nous apprenait à reconnaitre un animal enragé ; s’il nous attaquait, lui tendre un bâton pour qu’il y morde et filer sans demander son reste.
    • 2) Pour Benjamin Franklin, il ne se contentait pas de nous apprendre sa vie et son œuvre, mais il nous demandait de ne jamais être dans les champs par temps d’orage avec une faux, une fourche ou tout autre outil métallique sur le dos, car nous nous transformerions en paratonnerre et la foudre ferait le reste …
    • 3) Nous admirions particulièrement la lecture consacrée au maréchal NEY, le fidèle de Napoléon qui a préféré se faire fusiller plutôt que de trahir son empereur. Récit suivi par M. HORNY sur le thème de la fidélité et sur le respect de la parole donnée. Etc etc ..

     

    Un instituteur doit aussi se faire respecter et faire preuve d’autorité. A l’époque la « schlague » était courante ; mais je peux affirmer que M. Horny n’y a jamais eu recours. Non, jamais. Et même, jamais il n’a levé sa main sur un élève. Pour ramener l’ordre il avait deux « trucs ». Quand il lançait son fameux « misérables gamins » au point de faire vibrer les vitres, le calme était instantané. Mais lorsque cela ne suffisait pas, il attrapait un tuteur en bambou que le bon curé Burglin avait chipé dans l’église et l’appliquait à la manière d’un plat de sabre, non pas sur les fesses d’un garnement, mais sur le tableau noir. Cela faisait un fracas si épouvantable que cette fois, ça fonctionnait bien et l’ordre était rétabli.
    Voilà décrites, brièvement les méthodes de deux hommes, un curé et un instituteur, bien différentes de celles d’avant 14/18.

    Une guerre apporte toujours ses méfaits. Mais elle a aussi, paradoxalement, de bons côtés même si c’est horrible de l’écrire, c’est ainsi.

    • Il y a d’abord un apport de populations nouvelles qui remplacent les disparus ou ceux qui ne sont pas revenus. Ce qui réduit considérablement les risques de consanguinité.
    • La fin de la germanisation à outrance de la part de l’autorité prussienne.
    • Le bonheur pour la majorité des alsaciens de se sentir à nouveau insérés dans « la douce France », pays de la liberté de pensée et de parole, après quatre années d’incessantes canonnades.
    • La construction de maisons plus confortables.
    • L’intelligence du législateur français de maintenir certaines lois allemandes comme la protection sociale, le livre foncier, le statut de la chasse etc .

    Mais parlons aussi des maladresses, voire des méfaits qui ont été commis :

    • En 1918 la république française était laïque voire anticléricale. Or, les alsaciens étaient très chrétiens, toutes obédiences confondues. On a voulu supprimer le Concordat, une loi d’ordre public signée par le Ier consul Bonaparte et le Vatican. Ce fut une levée de boucliers et la naissance d’un fort courant autonomiste. Le libérateur français a réagi violemment. Il y eut des procès avec de lourdes condamnations dont une condamnation à mort. Tout cela nos ainés aspach-michelbachois l’ont ressenti et en ont souffert.
    • Pour en finir, une autre « malédiction » continue à nous frapper nous autres alsaciens-lorrains : avant la guerre de 14/18 c’est-à-dire pendant cette période revancharde et pendant la guerre, un brave dessinateur colmarien appelé HANSI a inondé la France entière avec de jolis dessins sur l’Alsace avec plein de drapeaux tricolores. Les « français de l’intérieur » étaient ravis et adoraient ces alsaciens patriotes. Or Hansi était un tricheur, un faussaire. Il intoxiquait ses admirateurs. Parce que, sur le terrain, c’était différent. En près de cinquante ans la germanisation avait fait son œuvre. L’immense majorité des alsaciens, tout en étant français de cœur, ne parlait plus ni ne comprenait le français. Et quand les poilus s’entendaient répondre des « Yod dü » (toi alors) et autres onomatopées, leur religion était vite faite : « les alsaciens parlent boche, ce sont des boches ». Et cette nouvelle se répandait comme une trainée de poudre.
    • Rentrés dans leurs châteaux, dans leurs fermes, dans leurs chaumières, partout, lorsqu’on demandait aux militaires démobilisés comment ils ont trouvé les alsaciens, on s’entendait répondre « ce sont des boches ». Et c’était la haine : ces braves poilus sont donc morts pour libérer des boches. Merci Monsieur Hansi. Cette haine peut encore exister de nos jours.

    Georges KRUST

  • L'école autrefois

    Politesse, respect et courtoisie étaient de coutume. Les cours dispensés par des religieuses jusqu’en 1949 se déroulaient de 8 à 11 h et de 13 h à 16 h. Le jeudi était libéré. Un cahier « calligraphe », une ardoise et un porte-plume composaient notre cartable. Durant la guerre, seuls les cours du matin étaient dispensés à l’école. Pendant l’occupation allemande, les cours étaient assurés en allemand.

    Lors des vacances scolaires, nous ne connaissions pas l’ennui. Nous étions bien occupés en aidant nos parents et exécutant des travaux sommaires à la ferme. La garde robe était identique pour tous les enfants. Nous portions des sabots et étions vêtus d’un tablier noir porté soit sur un bermuda pour les garçons, soit sur une robe pour les filles. Cette tenue était de coutume été comme hiver. Arrivés à l’école et à l’église, nous troquions nos sabots pour des pantoufles.

  • Hiver rude

    Les hivers étaient très rigoureux et nous connaissions de longues périodes de neige et de verglas. Hiver glacial rimait avec cours d’eau gelés, ce qui nous permettait de luger sur la rivière. La rareté des voitures nous permettait d’emprunter la rue principale, descente allant de l’actuelle maison ROTH et le café CHEZ BRIGITTE. Nous nous retrouvions le soir avec bonheur dans le cocon familial autour du poêle à bois.

    La guerre était toute proche.
    En août 1938, première alerte. La crainte de l’inconnu se lisait sur nos visages.
    En août 1939, la mobilisation était affichée près de l’église.

    De nombreux aspachois ont alors quitté le village pour le front. Ce sont des moments forts qui restent gravés dans nos mémoires.

  • Comment et où viviez-vous pendant la guerre ?

    En 1939/1940, les soldats français vivaient dans nos maisons et granges. La plupart du temps, nous campions dans la cave, principal lieu de refuge lors des alertes. Lorsque le village était occupé par les allemands (1944), nous cohabitions avec eux, sans autre choix. Tous les habitants élevaient une vache et un bœuf. Aspach-le-haut se trouvait encerclé par les allemands qui étaient basés à St André et les français qui se trouvaient à Michelbach/Guewenheim. En janvier 1945, par crainte que le village soit bombardé comme en 1914/1918, nous devions, par mesure de précaution, précipitamment quitter le village sous de fortes chutes de neige, destination l’usine Isidore André à Masevaux. Nous étions déplacés à bord de camion GHC et 30 cm de neige couvraient le sol. Notre paquetage était composé essentiellement de couverture et de nourriture, à raison de 50 kg par habitant. Seule une quinzaine de personnes sont restées au village pour nourrir les bêtes.

    Notre séjour a duré une journée ou deux. Nous ne pouvions quitter les lieux dans la seule condition d’être hébergé par des amis ou de la famille dans des villages non occupés. Le pire souvenir était la difficulté de trouver un logement où se réfugier. Le retour dans nos maisons était difficile car elles étaient bien souvent occupées par des français peu regardants. Certains d’entre nous ont retrouvé leur maison dans un état pitoyable. Les meubles avaient trouvé place dans les granges et les pièces avaient été garnies de paille. Durant l’occupation allemande, les jeunes aspachois étaient contraints de se rendre à Wittelsheim pour effectuer des tranchées. Ils n’avaient alors que 13 à 14 ans.

    De nombreuses maisons avaient été endommagées. Des cartons remplaçaient provisoirement les vitres, en attendant que les réparations soient effectuées. L’église a souffert de la guerre ; le clocher était abîmé, seule une cloche a résisté à la guerre. Tout de suite après la guerre, le blé manquait et a été remplacé par du maïs.

    Souvenir du ramadier kucha.

  • À quoi ressemblait notre village après la guerre ?

    La vie d’après-guerreLes garçons ont très rapidement trouvé une place d’apprenti, ils n’avaient alors que 14-15 ans.Les filles étaient quant à elles éduqués pour entretenir la maison. Certaines ont suivis quelques mois de cours à l’école ménagère. D’autres ont rapidement pris leur place dans la ferme familiale.DiversFête de la libération Les Waldfacht et kilbes instaurées après la guerre ont rythmés notre jeunesse. C’était un rendez-vous mémorable, où se côtoyaient toutes générations confondues.Des souvenirs inoubliables, qui étaient sûrement accentués par un sentiment de liberté retrouvée, nous reviennent…